Questions de légitimité…

Questions de légitimité…

“Qui suis-je pour accompagner les orthophonistes vers plus de mieux-être, alors que moi-même je fais le choix de quitter mon cabinet ? 

En faisant ce choix, ne prendrais-je pas le risque de véhiculer des messages contradictoires auprès des personnes que je veux accompagner ?”

Ces questions autour de ma légitimité et de ma posture m’ont beaucoup travaillée au moment où, fraîchement diplômée de l’école de coaching, je songeais à quitter mon cabinet pour me consacrer uniquement à l’accompagnement des orthophonistes. 

J’ai finalement fait ce choix d’arrêter le cabinet, même si je savais que je risquais de recevoir des critiques en termes de déloyauté, d’illégitimité etc. Seulement, développer mon activité de coach était devenue ma priorité. 

Je n’ai pas fui l’orthophonie parce que ce métier ne me plaisait plus. 

Assumer cette décision de quitter mes patients, mon rythme, mes revenus réguliers, cette place confortable et reconnue, n’a d’ailleurs pas été facile du tout, croyez-moi!

Mais j’ai choisi d’aller vers ce qui me faisait davantage vibrer à ce moment-là, en osant prendre ce risque de m’y plonger à 100%, pour me donner les moyens que ça fonctionne. Cela faisait un moment que j’y travaillais, mais justement, une part de moi n’assumait pas assez mon rêve d’être coach. 

Certes, j’ai traversé à plusieurs reprises des périodes de remise en questions au sujet de l’orthophonie. J’avais tellement idolâtré ce métier au moment des études! 

Il m’a fallu un temps d’adaptation et beaucoup de réaménagements sur différents plans avant de trouver la façon d’exercer et de m’organiser qui me correspondait vraiment. Contrairement aux apparences et à l’image qui est véhiculée par ceux qui ne connaissent pas les réalités du métier, l’orthophonie n’est pas un métier facile. C’est un métier riche, passionnant, utile, mais certainement pas facile au quotidien. 

Je crois que si je n’ai pas quitté l’orthophonie dans ces moments difficiles, c’est parce que je savais, au fond de moi, que c’était possible de faire autrement, et de le vivre autrement. Je n’avais juste pas encore trouver comment moi, je pouvais faire. 

Dans ma perception de l’époque, quitter ce métier sans avoir réussi à m’y épanouir franchement m’aurait laissé des regrets, une impression de ne pas être allée “jusqu’au bout”. Je me suis donc beaucoup remise en question, j’ai cherché à chaque fois des solutions nouvelles. 

Rien de magique donc, mais petit à petit, avec cette confiance que c’était possible, et en m’ouvrant de plus en plus à d’autres perspectives, je suis parvenue, me semble-t-il, à vivre mon métier comme je le souhaitais. 

Évidemment, tout n’était pas toujours idéal, et le “modèle” que j’avais mis en place ne correspondrait certainement pas à d’autres. Mais j’avais appris à valoriser ce qui était important pour moi et à accepter les inconforts en mettant du sens dessus. 

D’ailleurs, dans ma vision des choses, rien n’est figé ni arrêté, que ce soit en orthophonie ou dans le coaching finalement. Il est tout à fait possible que je reprenne l’orthophonie si ce rôle et les relations avec les patients viennent trop à me manquer un jour, ou pour toute autre raison. 

C’est justement la liberté que nous avons en libéral! 

Toutes les professions comprennent leur lot d’avantages et d’inconvénients, l’essentiel étant d’accepter quel lot nous choisissons en fonction de ce qui fait le plus sens pour nous et de ce que nous voulons construire.

En tant que coach, je ne “forme” pas à une méthode particulière renfermant les recettes miraculeuses d’un quotidien réussi. Chaque orthophoniste est différent(e) et il convient à chacun de trouver sa place et la pratique qui lui correspond. C’est le message que je souhaite transmettre aux orthophonistes qui ont parfois l’impression de subir leur exercice plus que de le choisir. 

C’est, tout comme le coaching d’ailleurs, un métier qui demande des réajustements réguliers. Nous faisons évoluer notre pratique et notre exercice en fonction de nos propres parcours de vie et expériences. Le coaching a justement pour but de favoriser l’émergence de solutions, notamment par la mise à distance et le questionnement. C’est de cette manière que j’ai choisi de contribuer, à mon humble niveau, à la profession dans laquelle la question du sens et du devenir revient de plus en plus souvent. 

En toute honnêteté, il m’arrive aussi de traverser des difficultés et de douter en tant que coach et entrepreneur. Ce n’est pas toujours évident de développer son entreprise, d’être beaucoup derrière l’ordinateur, de travailler seule de chez soi etc. 

Je ressens aussi parfois une certaine nostalgie quant à mon cabinet d’orthophonie et ce qui s’y rattache (enfin, j’avoue que les comptes-rendus ne me manquent pas du tout!). 

Néanmoins, je suis ravie de m’être offert cette “nouvelle vie”. J’ai énormément de gratitude d’avoir aujourd’hui cette possibilité de publier des contenus régulièrement sur mon groupe, d’être en lien avec des tas d’orthophonistes différent(e)s, de continuer à me former, de préparer des webinaires, des interventions diverses et surtout, d’accompagner plus d’orthophonistes. 

Je crois que ce recul et cette posture de coach me permettent d’avoir une meilleure clarté et disponibilité professionnelles. En tout cas j’y travaille, afin d’être davantage au service des orthophonistes, dont les différents parcours et enjeux ne cessent de m’enrichir. 

Le coach offre à ses clients un espace de recul, de questionnement et de changement de perspectives, leur permettant d’évoluer de façon plus juste et sereine. Pour ce faire, une certaine distance avec le métier peut être un véritable atout. 

C’est pour cela qu’un coach sportif se contente d’être entraîneur. Il ne fait pas en même temps lui-même partie d’une équipe.

En général, les coachs sportifs sont d’anciens joueurs. Il s’agit juste d’une autre façon de servir le sport qu’ils aiment, et de nourrir leurs valeurs, selon leur propre parcours de vie.

C’est d’ailleurs ce que je souhaite à tous les orthophonistes aujourd’hui, quels que soient leur exercice : suivre leurs envies, leurs aspirations, en fonction de leurs besoins et valeurs, et non en fonction des cases, étiquettes ou autres jugements extérieurs… 

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