Le dernier feu d’artifice auquel j’ai assisté n’était pas grandiose. Pas de musique pour l’accompagner, pas de couleurs très variées, pas de bouquet final. Et pourtant dans mon cœur il a résonné comme le plus intense des feux d’artifice.

Pourquoi? Parce que contrairement à tous les autres feux d’artifices que j’avais vus jusque là, celui-ci n’était pas prévu. Il m’a tellement prise par surprise que j’en suis restée scotchée.

Mais surtout, parce que le symbole ne pouvait être plus clair… puisqu’il est arrivé littéralement pile au moment où je fermais définitivement le portail de mon cabinet d’orthophonie. 

Vous imaginez ça? Il était environ 21h, c’était un jour lambda de semaine, absolument pas un jour férié. Cela faisait plusieurs mois que j’avais pris cette décision de céder mon cabinet, de quitter ma chère patientèle pour voler vers d’autres horizons. Tout s’était enchaîné à merveille, j’avais trouvé quelqu’un de confiance pour prendre le relais auprès de mes patients, tout s’était bien goupillé. 

Il n’empêche… plus la date du départ approchait, et plus les émotions étaient fortes : un mélange d’excitation, de libération, mais aussi de nostalgie, de crainte de “faire le grand saut”, de profonde reconnaissance pour tout ce que j’avais construit, de tristesse de quitter mes patients, de laisser de côté tout ce qui me plaisait encore dans ce beau métier. 

C’est le cœur gros et rempli de toutes ces émotions mélangées que j’ai définitivement fermé la porte de mon cabinet ce soir-là. Il va sans dire que je n’en menais pas large! Seule dans la nuit, il me tardait d’être dans ma voiture pour tout relâcher et pleurer un bon coup! 

Et c’est juste à ce moment, pile lorsque j’ai mis la clé dans la serrure du portail et que je l’ai tournée dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, que j’ai entendu exploser les feux d’artifice. Je me suis retournée et ai contemplé cette formidable synchronicité.

J’eus alors la sensation que ce feu, il était là pour moi.  Bien sûr je me doutais que quelqu’un fêtait son anniversaire ou qu’il s’agissait d’un test pour un évènement à venir, mais à ce moment précis, je l’ai réellement pris comme un message qui m’était clairement destiné et qui me disait : “Célèbre et reconnais la beauté de ce moment”. 

J’ai alors mesuré tout le chemin qu’il m’avait fallu parcourir pour arriver à ce moment précis, et j’ai salué mon courage. Le courage n’est pas l’absence de peur -pour reprendre approximativement les mots de Nelson Mandela-, mais le fait d’avancer malgré la peur, avec la peur. C’est exactement ce que je ressentais à ce moment-là. J’avais conscience que ce n’était que le début du chemin, que toute une aventure m’attendait, et qu’il y aurait des inconforts, des incertitudes, des joies, des peines, des doutes… Mais malgré ces remous en surface, je me sentais profondément en paix à ce moment-là. 

Le feu d’artifice m’a permis de me reconnecter à cet essentiel de toujours agir en cohérence avec mes valeurs et tout faire pour ne rien regretter. 

Même si le chemin est ardu et parfois semé d’embûches, nous pouvons tous avoir nos petits feux d’artifices personnels. A nous d’embrasser l’aventure, aussi inconfortable soit-elle. A nous de célébrer chaque avancée, chaque petit pas qui nous rapproche de nos essentiels et nous fait grandir. 

Ce soir, lorsque je vais voir le feu d’artifice du 14 juillet, je vais repenser à l’incroyable aventure qui s’est déroulée depuis, en me connectant à la gratitude de tout ce que ce chemin m’a permis de vivre et d’apprendre. 

Et je pense que je vais aussi être touchée, comme chaque fois, par la beauté de tous ces regards tournés vers le même endroit, de toutes ces personnes reliées ensemble dans un espace-temps hors de nos préoccupations individuelles. Cette parenthèse qui nous rassemble tous au delà de nos différences, dans un même besoin d’émerveillement, de joie et de connexion. 

Bon feu d’artifice à tous… !